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Abstention record : un séisme électoral et un témoin supplémentaire de la crise de la Ve République

Dernière mise à jour : 21 août 2021

69,91% d’abstention à Saran pour le second tour des élections régionales le 27 juin dernier, 66,9% pour la région Centre-Val de Loire, 65,31% pour la France entière contre 41,59% en 2015... Comme lors des précédentes élections, européennes en 2019 et municipales en 2020, les abstentionnistes sont majoritaires.


En un peu plus de 50 ans, le niveau de l’abstention a été multiplié par 3 dans notre pays : une grève civique croissante qui témoigne du fossé démocratique qui se creuse toujours davantage.

Le buste de Marianne, dans le hall d'accueil de la mairie de Saran (photo : Continuons avec vous pour Saran).


Environ 32 millions d’électrices et d’électeurs ne se sont pas déplacés pour s’exprimer lors du double scrutin régional et départemental de juin dernier.


Certes, comme pour les élections municipales d’il y a un an, la peur -bien compréhensible- du Covid-19 a en partie contribué à cette abstention aussi massive qu’inédite. De même, l’impossibilité de sanctionner le camp présidentiel puisqu’il ne dirige aucune région, a pu jouer. Également, on incriminera la lassitude vis-à-vis des urnes (avec pas moins de 4 élections en un peu plus de de 2 ans) et l’envie de s’aérer après un an et demi de crise sanitaire et 3 confinements.


Il faut aussi noter que la région qui a connu le plus fort taux d’abstention le 27 juin dernier (69,8% !) est le Grand Est, bien plus que dans les outres mers et en Ile de France. La fusion des anciennes régions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardennes n’a pas été acceptée. Le redécoupage des régions voulu par François Hollande -et Bruxelles- a lui-aussi alimenté l’abstention en éloignant encore davantage citoyen-ne-s et institutions régionales. Du fait de cette même logique, il est possible que l’instauration des métropoles ait contribué à l’abstention dans les villes touchées lors des scrutins municipaux en mars et juin 2020.


Enfin, l’impossibilité pour les candidates et candidats de faire campagne normalement en juin dernier du fait des contraintes sanitaires, la faible médiatisation des compétences des conseils départementaux et régionaux ainsi que le fiasco de la distribution des documents électoraux aux électeurs et électrices, « externalisée » à cause d’une directive européenne, expliquent ce pic d’abstention.


Toutefois, cette abstention record n’est pas principalement conjoncturelle : la diminution croissante de la participation électorale est une constante de la vie politique française depuis le milieu des années 80.


C’est donc bien un mouvement de fond et un témoin persistant de la crise de la représentation démocratique. C’est peut-être aussi davantage un rejet des mêmes orientations menées depuis 35 ans qu’un désintérêt pour la politique en général : l’impuissance de la politique à résoudre les crises économique, sociale et maintenant climatique, explique au fond cette « grève des urnes ».


Pire, le poids excessif de l’élection présidentielle dans le fonctionnement de la Ve République a parfois nuit aux votes exprimés par les citoyens et citoyennes.


C’est Nicolas Sarkozy qui fait approuver le traité ultra-libéral de Lisbonne en 2007 par le Parlement, deux ans après son rejet par un référendum ayant rassemblé 70% de participation. C’est Emmanuel Macron qui s’obstine à vouloir imposer sa réforme régressive des retraites malgré un mouvement social d’une durée inédite, puis l’irruption des Gilets Jaunes et 4 élections intermédiaires perdues par le parti présidentiel.


Au final, depuis un peu plus de 2 ans, une majorité d’électeurs et d’électrices ne votent plus. Les générations les plus âgées et les classes sociales les plus favorisées accroissent également leur poids électoral en s’abstenant moins que les plus jeunes et que les milieux populaires. Alors qu’ils constituent une potentielle majorité sociale, employé-e-s et ouvrier-e-s sont une minorité électorale.


Cette crise civique croissante peut sembler secondaire par rapport aux graves crises économiques et écologiques qui nous touchent mais elle est, au contraire, intrinsèquement liée à elles. Résoudre la crise démocratique provoquée par nos institutions actuelles, ce serait permettre à notre République de mieux se structurer pour répondre -enfin- aux brûlants défis sociaux et climatiques.



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