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"Les commémorations sont le temps de la mémoire, mais aussi celui de la réflexion et de l'action"

La commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918 s'est déroulée ce vendredi matin autour du monument aux morts du Bourg de Saran, avec une émouvante participation de nombreux élèves des écoles primaires de Saran.

Des enfants des écoles de Saran, accompagnés de leurs enseignant-es, de la Saranade et de l'Harmonie, ont entonné "La Marseillaise" avant que l'hommage se poursuive dans la salle des fêtes.


Voici l'intégralité du discours prononcé par Christian Fromentin au nom de la municipalité de Saran.



"Messieurs les représentants des différentes autorités,

Mesdames et Messieurs les Élus,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,


En ce jour commémoratif, nous sommes présents en nombre pour nous souvenir de cette dévastation humaine que fut la Première Guerre Mondiale.


La défaite française en 1870 n’est pas digérée et les rivalités entre les différentes puissances coloniales attisent les tensions. Deux blocs se créent en Europe avec la Triple Entente d’un côté et la Triple Alliance de l’autre. En 1914, Jean Jaurès, farouche partisan d’une résolution pacifique des tensions européennes est assassiné. Trois jours plus tard, la France entre en guerre. Jusqu’au bout de sa vie, il lutta pour l’empêcher, en vain.


Cette première guerre mondiale déclenchée pour des velléités impérialistes et économiques sera catastrophique humainement. 1 million 400 000 Français n’en reviendront pas.Tant d’hommes sacrifiés, trop de vies enlevées. Les hommes, les pères de famille, sont envoyés au front, brisant les familles, les plongeant dans la douleur.


Mais avec 3 millions 700 000 hommes mobilisés au début du conflit, comment continuer de faire tourner le pays alors que les travailleurs sont envoyés au front ? Les ateliers et les usines sont fermés ou tournent au ralenti, les agriculteurs ne peuvent plus s’occuper des champs. Comment nourrir les Français si personne ne termine les moissons, si personne ne cultive la terre ?


L’appel du gouvernement « Aux femmes françaises » leur demande d’assurer la relève.


« Debout femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. »


On attend d’elles qu’elles continuent de s’occuper des enfants, qu’elles terminent les récoltes de l’année et préparent celles de l’année prochaine.


Mais cela ne s’arrête pas à l’agriculture. Les femmes intègrent les usines essentielles à la patrie, notamment les usines d’armement et de tissus, les hôpitaux...


Alors qu’on a toujours tenté de les éloigner de ces métiers d’homme, le pays découvre que les femmes ne sont pas destinées à n’être que des femmes au foyer.


Leur émancipation commence. Leur libération sera longue car il leur faudra encore des dizaines d’années de lutte pour obtenir des droits. Le droit de vote en 1945, suivi de l’égalité des droits à ceux des hommes, le droit de divorcer, de posséder un compte bancaire sans l’avis de leur mari, le droit d’avorter…


Aujourd’hui en 2022, leur combat féministe continue et des crispations masculines sont pourtant toujours présentes.


Mais revenons à la la première guerre mondiale. Elle se termine en 1918. Le 11 novembre est signé l’armistice. Le conflit aura fait en seulement 4 ans, 10 millions de morts et 8 millions d’invalides.


Tout le monde espère alors avoir vécu la « der des ders ». Cela ne sera malheureusement pas le cas. Les tensions en Europe et dans le monde aboutiront à la seconde guerre mondiale, et tout le XXe siècle et encore aujourd’hui le XXIe siècle voit toujours les conflits armés perdurer. La guerre est aujourd’hui aux portes de l’Europe, au Moyen Orient, en Afrique…


Nous n’avons pas à subir l’avenir, il nous revient de le construire ! Les commémorations sont le temps de la mémoire, mais elles doivent être aussi celui de la réflexion et de l’action.


Et vous le savez, la ville de Saran s’y attache sans relâche. Notre ville est membre de l’Association Française des Communes, Départements et Régions pour la Paix mais aussi du Mouvement pour la Paix. Le drapeau de la paix flotte fièrement sur le Fronton de la mairie aux côtés de celui de la France mais également de l’Ukraine qui depuis le début de l’année subit l’invasion russe. Tel Jean Jaurès en son temps, nous tentons à notre échelle de promouvoir la paix dans la résolution des conflits. Nous refusons que des vies humaines soient sacrifiées pour défendre des intérêts économiques ou impérialistes.


La mémoire saranaise c’est également au mois de novembre, le moment que nous choisissons pour nous remémorer des faits historiques. Cette année, c’est la période de la Guerre d’Algérie que nous avons souhaité mettre en avant. Je vous invite à découvrir et participer aux nombreux événements que nous organisons dans les prochains jours : expositions, films, concerts, conférences, documentaires ou encore théâtre.


À Saran, c’est parce que nous croyons en l’avenir que nous continuons d’interroger le passé. Et les leçons de cette première guerre mondiale ainsi que tous les autres conflits qui ont suivi donnent à l’avenir les moyens d’être pensés.


Je vous remercie de votre attention."


Christian Fromentin, le 11 novembre 2022, devant le monument aux morts du Bourg de Saran.



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