top of page

80ième anniversaire du 8 mai 1945 : «Je vous salue ma France où les blés et les seigles mûrissent au soleil de la diversité» (Louis Aragon - 1943).

  • Photo du rédacteur: Continuons avec vous
    Continuons avec vous
  • 8 mai
  • 6 min de lecture

Il y avait beaucoup de Saranais-es ce jeudi matin dans le bourg de Saran, et notamment plusieurs classes de Saran avec leurs professeures, venu-e-s commémorer le 80ième anniversaire de la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie.

Plusieurs élu-e-s de la majorité municipale lors du défilé du 8 mai 2025 dans les rues du Bourg de Saran (photo : Continuons avec Vous pour Saran).


Voici l'intégralité du discours prononcé par Mathieu Gallois, Maire de Saran et conseiller départemental, devant le monument aux morts du Bourg, à l'occasion de la commémoration du 8 mai 2025.



"Mesdames, Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les représentants des différentes autorités,

Messieurs les anciens combattants,

Mesdames et messieurs les professeurs des écoles, directrices et directeurs,

Chers élèves et parents,

Mesdames et messieurs de l’Harmonie intercommunale Fleury-Saran,

Chers concitoyennes, chères concitoyens, chers amis,


Nous sommes réunis en ce jour pour célébrer le 80e anniversaire de la victoire des Alliés, la capitulation de l’Allemagne nazie symbolisant la fin de la Seconde guerre mondiale.


Si en Asie et dans le Pacifique le conflit n’était toujours pas terminé, l’Europe sortait de cinq ans, huit mois et six jours de nuit noire, de sang, de sueur et de larmes pour les peuples.


Le 8 mai 1945, est une date référence pour notre mémoire collective.


L’existence de cette date n’est pas toujours allée de soi. Son instauration en jour férié, en 1981 seulement, s’est heurtée à bien des obstacles. De même, ce n’est qu’en 1995 que le Président de la République de l’époque Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l’État Français dans la collaboration avec les nazis, la déportation de millions de juifs, notamment des enfants, et la traque des résistant·e·s sur notre territoire national.


En cette journée, il est essentiel de rappeler l'horreur de la barbarie nazie et de rendre hommage à ses 60 millions de victimes dont 6 millions de juifs, celles combattantes dans les armées des forces alliées et dans les mouvements de résistance, comme celles que les régimes nazis et fascistes assassinèrent au nom d'une idéologie monstrueuse : juifs, communistes, tziganes, progressistes, homosexuels…


Cette date nous invite à la mémoire de ce que fut le nazisme, son inimaginable inhumanité.


Mémoire des victimes, militaires, civiles et innocentes, disparues par millions dans les camps de la mort, dans des massacres ou des représailles d’une impensable sauvagerie.


Qu’ils ou elles soient morts à Oradour-sur-Glane, Leningrad, Auschwitz, Varsovie ou ailleurs, c’est à elles et eux que nous pensons en ce jour.


N'oublions pas non plus l’horreur d’Hiroshima et de Nagasaki avec l’utilisation de la bombe atomique. N’oublions pas le traumatisme d’une France et d’une Europe dévastées.


N’oublions pas le traumatisme pour les millions de femmes, d’hommes, d’enfants, déplacés car contraints de fuir la guerre, le risque de mourir et faisons le lien avec ces millions d’hommes, de femmes, d’enfants qui aujourd’hui malheureusement encore subissent le même sort. Je m’associe véritablement aux messages de fraternité qui se sont exprimés récemment, et la ville de Saran continuera de prendre toute sa responsabilité dans ce devoir de solidarité et de Paix.


Cette date nous invite à regarder notre Histoire en face et à rappeler les complicités dont a bénéficié le régime nazi.


Elle nous invite également à honorer le courage des femmes et des hommes qui, au contraire, ont refusé de vivre à genoux, se sont levés, ont payé souvent de leur vie leur soif d’une humanité libérée.


Par notre présence, nous rendons hommage à toutes celles et ceux qui ont permis cette victoire sur le nazisme et le fascisme.


Des hommes et des femmes d’horizons différents, qui croyaient au ciel ou qui n’y croyaient pas comme l’écrivait Aragon, de conceptions philosophiques et politiques différentes, issus de pays et de cultures différentes ont uni leurs forces pour défendre leurs idéaux communs de liberté, d’égalité, de justice et de dignité, et qui après avoir gagné la guerre ont su construire la paix.


Parmi eux, les anciens de la guerre d’Espagne, ceux de la Résistance intérieure, communistes, gaullistes, catholiques, progressistes, immigrés, ceux de la France libre autour du Général de Gaulle et de Jean Moulin... Et puis n’oublions jamais les combattants de l’Armée d’Afrique, qu’ils soient Marocains, Algériens, Maliens, Sénégalais, Tunisiens, Ivoiriens...


Ils ont servi la France, souvent dans des conditions épouvantables, et ont payé un lourd tribut à la défaite du nazisme. Leur sacrifice pour notre liberté, un monde meilleur, est une leçon de courage et d’espoir, un message de paix pour s’unir contre la folie des hommes.


Et comment ne pas parler d’un autre immigré. Un Arménien amoureux de la France, engagé dans la résistance pendant l’occupation, pour son pays de cœur, et qui finit fusillé par les Nazis avec son groupe des Francs-tireurs et partisans de la Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI). « La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans ». Il a donné sa vie pour la France.


Missak Manouchian a été panthéonisé avec son épouse Mélinée l’an passé. Alors que l’extrême droite n’a jamais eu autant d’écho dans notre pays comme en Europe qu’aujourd’hui, cette reconnaissance du peuple français pour un étranger immigré, antifasciste et internationaliste est la bienvenue.


Ce 8 mai 1945, il y eut une forme de victoire de la civilisation face à la barbarie : l’humanité l’emportait devant ce qu’elle avait produit de pire et parvenait à surmonter l’épreuve la plus monstrueuse qu’elle s’était jamais imposée à elle-même.


Un espoir gigantesque se lève alors. Pas seulement parce que les familles françaises retrouvent 1 million de prisonniers de guerre, 650 000 travailleurs réquisitionnés par le STO (Service du travail obligatoire) et aussi les déportés ayant survécu (47 000 pour les politiques, 3 943 pour les juifs…).


Mais aussi parce que la France vit en quelques mois un formidable mouvement de conquêtes sociales.


Pensé dans la clandestinité, en pleine Occupation, le programme « Les jours heureux » du Conseil national de la Résistance (CNR), portant l’idéal d’une société plus juste, plus démocratique, plus sociale, est alors appliqué.


Gaullistes et communistes, qui ont pris une part centrale dans la Résistance, se font alors forts de refonder notre modèle de société.


Ce programme contenait des mesures politiques tout d’abord, comme le rétablissement de la démocratie et de la République, le retour de la liberté de la presse, le droit de vote enfin accordé aux femmes.


Des mesures économiques également avec de grandes nationalisations nationalisation de l’énergie, des mines, de compagnies d’assurances, de banques… qui ont permis d’accélérer la reconstruction de la France d’après guerre, et le développement de grands services publics accessibles à toutes et tous.


Des mesures sociales enfin, avec la création de la sécurité sociale par Ambroise Croizat sécurisant la vie de chacun en couvrant les risques de la maladie, de l’invalidité, de la vieillesse, les accidents et les maladies du travail. Les concepts de la sécurité sociale basés sur la solidarité, la justice sociale, la démocratie et une meilleure répartition des richesses créées sont un formidable levier de relance de l’économie et de la promotion du progrès social dans notre pays.


Ce projet a longtemps fait consensus. Il est depuis plusieurs années attaqué de toute part, mettant en péril le ciment de notre société.


Enfin, en ce jour de mémoire, n’oublions pas cette phrase de Bertolt Brecht « le ventre est encore fécond d’où surgit la bête immonde ».


Alors que de plus en plus de pays cèdent, en pleine confusion, aux sirènes des néofascistes, des xénophobes et des dirigeants autoritaires, nous sentons toutes et tous que nous sommes, à nouveau, à un carrefour. L’Humanité poursuivra-t-elle dans la voie de politiques libérales qui n’ont d’autres boussoles que le profit au mépris de l’être humain et de la planète, ou d’autres voies, d’autres rapports de force permettront-ils aux femmes et aux hommes de bénéficier des immenses richesses crées et aujourd’hui dilapidées, pour pouvoir s’émanciper, vivre dignement, gagner de nouvelles protections et de nouveaux droits, préserver la planète et l’écosystème ?


Creusement sans fin des inégalités ou mise à disposition de toutes et tous des communs, là est le choix.


Ne jamais oublier notre Histoire, ne jamais banaliser, relativiser les horreurs de la seconde guerre mondiale, de la barbarie nazie, de la Shoah.


En ce jour de recueillement, gardons à l'esprit ce qui nous a conduits à cette tragédie. Gardons à l’esprit ce qui a permis la réunion de tous les Français après la guerre, quand il a fallu rebâtir notre pays pour y recréer de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité.

Ne faisons pas comme si l'Histoire ne nous avait rien appris. Ce déferlement de haine et les tentations autoritaires partout dans le monde appellent à une vaste mobilisation pour faire valoir d'autres rapports entre les peuples et entre les individus.


Je terminerai par ce message que je tenais à vous adresser ainsi qu’aux jeunes générations, 80 ans après ne laissons pas glisser notre pays dans la haine de l’autre pour sa différence et comme l’écrivait Louis Aragon en 1943 « Je vous salue ma France où les blés et les seigles mûrissent au soleil de la diversité »


Je remercie de nouveau très chaleureusement le travail effectué par les écoles de Saran sur ce travail de mémoire essentiel et pour leur participation active que l’on découvrira tout à l’heure dans la salle des Fêtes.


Je remercie également, chacune et chacun d’entre vous, de votre présence très nombreuses et de votre attention."



Mathieu Gallois

Maire de Saran et conseiller départemental du Loiret

Komentarze


bottom of page