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Bus-Tram : il faut un débat sur le retour en régie dans la Métropole

Dernière mise à jour : 21 août 2021

Suite aux dysfonctionnements récurrents sur le réseau de transports en commun de l'agglomération orléanaise et aux interrogations de la presse locale sur le sujet, voici l'intégralité de l'intervention de Dominique Tripet, conseillère métropolitaine, prononcée ce 22 octobre au soir lors du Conseil d'Orléans Métropole.

L'arrêt de bus "Bruères" dans le quartier du Chêne-Maillard (photo : Continuons avec Vous pour Saran).


"Monsieur le Président, Mes Cher.e.s Collègues,


Lors du dernier conseil métropolitain, alors que je vous interpellais au nom des élu.e.s communistes d’Orléans-Métropole, sur les dysfonctionnements récurrents et insupportables infligés à tous les usager.e.s des transports en commun – dont je suis- par Keolis, vous n’avez pas répondu d’une part à ma 1ere demande qui était celle d’un audit sérieux et indépendant de cette entreprise, ni sur la seconde, qui était la demande d’un débat sur le retour en régie métropolitaine des transports, et ce bien avant 2024.


A cela, vous avez rajouté avec une certaine légèreté, voire désinvolture devrais-je dire, que je brossais un tableau assez noir de la situation, alors même que le directeur de Keolis reconnaissait lui, les problèmes dénoncés.


Par ailleurs, vous nous appreniez que Keolis réclamait 5 millions d’€ à la métropole pour manque à gagner lors de la période de confinement, arguant de la baisse de fréquentation de ses lignes pendant et le confinement ainsi que la gratuité qui avait été mise en place, durant toute cette période. Pour finir, vous nous rappeliez que le renouvellement de la DSP en 2018, stipulait qu’en 2021, le réseau devait être revu, avec moins 60 000 kms de dessertes à prévoir !


Concernant la demande d’indemnisation, J’ai envie de vous dire qu’à l’instar du slogan qui disait que "les antibiotiques, c’est pas automatique en cas de maladie", pour l’impact du COVID-19 sur les DSP, l’indemnité ne l’est pas non plus. Car une concession se fait aux risques et périls des délégataires et qu’il n’y a pas obligation a compensé les pertes. Cela étant dit dans un article du 7 octobre dernier dans la gazette des communes.

Par ailleurs, les transports en commun, devraient être vus au plus près des besoins des usager.e.s, et non d’une vitesse commerciale devant rapportée profit aux actionnaires. Ce qui est le cas de Kéolis.


Pour en revenir à mon propos liminaire, piquée au vif par vos remarques, nous avons avec un ami militant qui a mis en place un algorithme, recensé les alertes officielles Keolis, alertes réseau, incidents d’exploitation, annulation départs depuis le 24 septembre dernier et jusqu’à aujourd’hui midi. Le constat est sans appel : 518 alertes et 1 111 départs de bus annulés.


En plus de cet algorithme, une adresse mail a été créée, afin que chacun.e puisse nous remonter les problèmes vécus, avec date, heure, lignes de bus ou tram, photos à l’appui.

Et bien, c’est juste hallucinant. Ce sont des 1ers bus qui sont annulés, et donc comment utiliser ce moyen de transport alors que vous avez la certitude d’arriver en retard à votre travail, et que si cela se produit un jour cela peut passer, mais quasi tous les jours, votre hiérarchie vous rappelle à l’ordre ?


Cela ne le fait pas, disent nos plus jeunes, et je le dis avec elles et eux. Comment arriver à l’heure à votre collège, votre lycée, l’université, quand 2 bus d’affilée sont annulés. Et que le suivant bondé, vous passe sous le nez sans s’arrêter et pour cause !

Nous avons même vu le départ d’un bus annulé, et le suivant annoncé pour…2 heures plus tard ! Est-ce bien sérieux ?


Là aussi, cela ne le fait pas, disent nos plus jeunes, et je le dis avec elles et eux.

Comment revenir du travail quand vous travaillez à Pôle 45 par exemple, et que le dernier bus qui devait vous ramener en centre ville où vous habitez est annulé lui aussi ?

Cela ne le fait pas non plus …


La liste est longue, entre rames de trams qui ne sont pas en service, nous avons vu jusqu’à 4 rames manquantes par jour, les portes de nombreuses rames qui restent HS, je l’ai déjà dénoncé, pendant des mois sans que cela ne soit réparé, au mépris de la sécurité des voyageurs si ils ou elles devaient évacuer en urgence. Et tout ce que provoque cette odieuse promiscuité induite.


Témoignage d’une étudiante qui prend le tram : « - Il m’est de plus en plus difficile d’assister à mes cours. Et si je n’y n’assiste plus, c’est en grande partie parce que je dois prendre le tram le matin ; Tram bondé évidemment, et j’en viens à devoir venir très en avance en cours pour ne pas avoir à me faire tripoter dans le tram, ou alors abandonner le présentiel à l’usure ! » Cela lui est arrivé à de multiples reprises et la laisse désemparée.


Elle n’est évidemment pas la seule à nous avoir fait part de ces agressions rédhibitoires qui n’incite pas à être une usagère du tram au long cours…Et c’est une réalité à laquelle sont confrontées de nombreuses femmes.


Cela ne le fait pas évidemment, non plus…


J’ai bien entendu Monsieur le Président votre affirmation selon laquelle, ces dysfonctionnements étaient récents et que Kéolis était juste dans une mauvaise passe avec des conducteurs et conductrices de bus et tram qui ne restaient pas.


Qu’à cela ne tienne nous sommes remonter à la même période en 2019.


Et du 23 septembre au 20 octobre 2019, ce sont 476 alertes et 1040 départs annulés. Vous avouerez que pour une situation transitoire cela a tendance à durer, non ?

Et comme là aussi, nous avons voulu remonter encore plus loin, et que l’algorithme ne pouvait remonter jusque là, nous avons épluché le compte twitter TAO Keolis et pour la semaine du 24 septembre au 21 octobre, ce sont 469 alertes et juste 731 départs annulés. Comme j’ai un tantinet mauvais esprit, je vais dire qu’il devait y avoir renouvellement de délégation et que Keolis a fait un petit effort.


Et je ne vais pas oublier le nettoyage des bus et tram qui en période rouge COVID, et de nouveau d’urgence sanitaire, n’est quasi pas fait, ni la désinfection et l’on s’étonne de la prolifération des contaminations ?


Tout ce que je rapporte là, c’est "l’extérieur Kéolis", ce que subissent les usagers et usager.e.s. Et comme nous sommes curieux et curieuses au niveau des élu.e.s communistes de la métropole, nous avons reçu semaine passée des représentants des personnels, afin de comprendre pourquoi tant de désaffection autour de leur métier.


Sans surprise aucune, même si nous ne pensions pas que ce soit à ce point, il y a donc sein de cette entreprise un management plus que problématique ; cas de harcèlements moraux, syndicaux, sexuels – avec devinez quoi ? une victime qui, elle, est changée de lieu de travail, tandis que l’agresseur lui reste au même poste, à la même place, et d’autres victimes qui ont peur et n’osent pas parler-, des bizutages, pourtant interdits par la loi, des problèmes de salaires avec des primes non payées, des heures supplémentaires non payées, des difficultés à obtenir des tickets restaurants… et quand de plus, le matériel que vous utilisez est vétuste, que vous transportez des usagers dans des bus bondés au mépris, tant de leur sécurité que de la vôtre, vous voyez, il y a quelque raison pour que Kéolis ait des difficultés à trouver et garder des conducteurs ou conductrices de bus et tram !


Bref, c’est un "combo" inacceptable, et si certains sont prêts ou prêtes à me rétorquer que ce qui se passe au sein de l’entreprise ne nous regarde pas, je vous réponds tout de go que éthiquement, déontologiquement, nous élu.e.s qui avons confié cette DSP à Kéolis, avons un droit de regard sur ce qui s’y passe justement, notamment quand le droit du travail n’y est pas respecté avec tout ce que je vous ai énuméré à l’instant, en y rajoutant des pauses impossibles à prendre du fait des retards continuels, des repas impossibles à prendre aussi, etc…


Et donc ma question est quand même la suivante ? Kéolis était-il le bon choix ?


Je crois que vous connaissez la réponse des élu.e.s communistes par mon intervention. Vous auriez beau jeu de me répondre que cette entreprise était la seule à avoir répondu à l’appel d’offre. Il pouvait tout à fait être relancé, cet appel d’offres, avec prorogation de 6 mois supplémentaires ou 1 an supplémentaire pour se faire. Cela se voit fréquemment dans les commissions d’appels d’offres.


L’autre question est la suivante : de quoi avons-nous besoin pour faire préférer aux usager.e.s le bus ou le tram comme mode de transport, plutôt que leur voiture ? Et de répondre aux objectifs de développement durable avec une baisse des émissions de gaz carbonés entre autres ?


Et bien nous avons besoin d’un réseau qui se développe, le plus possible en site propre pour gagner en vitesse de desserte, et au plus près de leurs besoins. Un réseau cohérent et fiable sur lequel, ils et elles puissent compter, avec des espaces de gratuité, des tarifs sociaux, et des services qui puissent répondre présent en cas d’alertes pollutions, climatiques etc…


Nous sommes, il faut le reconnaitre, très très loin de tout cela. Je réitère donc notre demande d’audit indépendant et rapidement, et des pénalités contraignantes tant tout cela est enkysté sans volonté réelle de Keolis d’en sortir.


Dois je vous dire que ce qui se passe à Orléans, se passe à Nancy Métropole qui a mis en place un audit et un suivi strict de la DSP, se passe à Bordeaux, Caen, bref, Keolis, dysfonctionnements et management maltraitant deviennent des pléonasmes.


Je demande aussi au nom de notre groupe, comme je l’ai fait le mois dernier, un débat pour un retour en régie. A titre personnel, je suis heureuse de voir que des élu.e.s qui ne sont pas de notre bord politique commencent à poser cette question et à rejoindre nos analyses.


Enfin, une dernière intervention ayant trait aux transports, même s’il ne s’agit pas directement de Keolis, encore que…


Mr Lemaignen a décidé en août dernier de renoncer à la vice présidence des transports, La Haute autorité pour la transparence de la vie publique, saisie à sa demande ayant estimé, dans un avis rendu le 4 août, que son activité professionnelle de conseil auprès de Keolis était incompatible avec ses fonctions de vice-président de la Métropole chargé du transport urbain.


Nous demandons donc qu’il en fasse de même pour le GART, groupement des autorités responsables des transports, où il siège en tant qu’élu métropolitain, aux cotés de Messieurs Dumas , Roy, Tebibel, Beaumont et Fromentin.

Outre que la question se pose là aussi : siège-t-il en tant qu’élu métropolitain ou bien en tant que conseil auprès de Kéolis, perso six personnes, six hommes, cela m’interpelle quand même quand à nos pseudos non compétences de femmes, alors que nombre d’entre nous savent vers qui se tournent nos enfants ou petits enfants, quand justement il y a des problèmes de transports récurrents et qui fait le plus souvent taxi ?


Un mot pour finir sur l’utilisation du vélo devenu incontournable avec la crise sanitaire, amplifié aussi par le désastre Kéolis, qui veut être transporté ainsi ? Il nous faut être plus ambitieux, plus vite, plus fort, avec des pistes cyclables sillonnant la métropole en site propre, des stations vélo TAO accessibles partout, des ateliers réparations aussi et enfin, admettre que le velo est un mode de déplacement à part entière, pas juste un objet loisir ou tourisme."


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